Atelier #6 - La Classe Mini de Demain

Le mercredi 25 septembre 2024

Le Mercredi 25/09/2024. 18h30-20h30

Présents : 18 participants

Animatrice : Anna

Support PDF

Sujet de l'atelier : la future jauge série (2027)

#1 TOUR DE PRESENTATION pour faire connaissance et se connecter au sujet

Se renommer et écrire dans le tchat :

  • plutôt profil aventurièr.e ou compétition ?
  • Plutôt Mini-Transat ou SAS ?
  • Plutôt série ou proto ?
  • Plutôt bateau d’ancienne génération ou bateau neuf ?

#2 INTRODUCTION

Contexte - la jauge série (par Romain Bigot)

Histoire et définition de la jauge série : la jauge date de 1994, avec comme premier objectif d'assurer la sécurité des bateaux et des marins. Depuis cette date, il y a peu d'évolutions majeures dans les textes.

Décembre 2023 : règle sur la limitation de la construction de bateaux neufs de série

2027 : prérogatives de la nouvelle jauge série:

  • cette jauge doit être votée par les adhérents en AG
  • toute évolution de la jauge doit s'inscrire "dans la lutte contre le changement climatique et le respect de l'environnement"
  • nécessité de ne pas rendre obsolètes les bateaux actuels
  • les statuts de la Classe Mini s'appliquent ainsi que les règlements FFVoile, World Sailing, etc

L'objectif/le besoin de cette nouvelle jauge nait des dérives constatées actuellment sur les nouveaux bateaux de série qui sont devenus moins solides, vendus plus chers et qui semblent s'écarter de l'esprit de la jauge Mini originelle, à savoir des bateaux simples à produire, à manoeuvrer, à entretenir et donc limitant les coûts.

Résumé du dernier atelier (19/06)

Consensus sur la volonté de construire des bateaux plus solides, durables et abordables, tout en limitant l'électronique à bord et aller vers plus de simplicité.

Objectif de l'atelier du jour : se concentrer sur le "Comment".

#3 ECHANGE AVEC CHRISTOPHE BALEY, ENSEIGNANT-CHERCHEUR : Quelle vision du Mini de série de demain et de son usage ?

Pistes de réflexion:

1/ Allongement de la durée de vie des bateaux et des structures

Faire avec l'existant plutôt que construire.
Adopter des règles : "ce qui est intéressant c'est d'avoir une compétition à armes égales" - Aujourd'hui, il existe une course au bateau le plus cher et le plus rapide.
La performance humaine doit être sur l'eau et doit être liée avec la performance environnementale.
Dès qu'on utilise du carbone l'impact est important. L
'une des préoccupation est que la durée de vie des bateaux est parfois faible, les coques sont de plus en plus jetables.

L'enjeu est de traduire tout cela dans les règles de jauge.

Exemples présentés lors du Forum Met et Composites de septembre 2024:

  • Entreprise de Dimitri Caudrelier qui fait du refit d'anciens Surprise pour augmenter leur durée de vie. Intéressant au niveau économique, social (création d'emplois) et écologique. Yellow Impact Sailing
  • All Purpose : réutilisation de voiles pour en faire des voiles de seconde main. Site All Purpose

Attention aux fausses bonnes idées comme le recyclage de fibres de carbone à 70€/kg avec un mauvais bilan environnemental.
Il faut savoir atténuer, se réorganiser et abandonner certaines idées.

2/ Quantifier les impacts

Il est nécessaire de réaliser un travail de quantification des impacts : impact de l'organisation d'une course, impact de la contruction des bateaux, etc (ex: un foil d'IMOCA = 25 à 100 tonnes de CO2 émis).
Le retour cargo d'un Mini est non négligeable, même avec du transport maritime à la voile car la construction des mâts de Grain de Sail 2, par exemple, c'est 4 tonnes de composities donc 100 tommes de CO2 émis. Il faut se poser la question du nombre de milles qu'il faut faire au moteur avant que cela devienne logique d'utiliser les voiles.
Il faut également quantifier les déchets liés aux technologies utilisées.

Analyse de cycles de vie = flux de matières et d'énergies qui sortent. Attention néanmoins aux données qui peuvent être peu fiables dans les ACV.

Ressource sur la question de la soutenabilité pour une structure marine et des matériaux composites :

Article en anglais

version française

3/ Alternatives

On peut imaginer des bateaux biosourcés et thermoplastiques avec plusieurs vies, pour le bateau et pour les matériaux.
Biomimétisme, Bioinspiration

Notion d'unité fonctionnelle : est que je regarde juste la construction du bateau ? sa maintenance, son usage ? sa fin de vie ?

Ressource sur la variabilité des propriétés des fibres de lin : article

Ressource sur les structures en bois : article

Le challenge est de savoir les utiliser correctement.

Questions des participants :

  • la nouvelle règle permet de limiter la construction de bateaux neufs. Quel est l'objectif de la nouvelle jauge ? Redonner un souffle aux anciens bateaux ? Reproduire des bateaux différents pour rajouter des Mini en circulation ?
    => la prérogative de la nouvelle jauge est de continuer à faire des bateaux compétitifs pour qu'ils soient utilisés et ne pas rendre les bateaux actuels obsolètes. Il ne faut pas mettre à la poubelle les 800 bateaux de série existants.

  • Qu'est ce qui motive les ingénieurs et les architectes à chercher des solutions vertueuses ?
    => il faut une acceptation sociale en étant dans la transition ou dans la rupture.
    les sponsors et le public forcent à s'interroger sur son image.

#4 ECHANGES EN SOUS-GROUPES ET MISE EN COMMUN

Il y a un consensus sur le fait d'aller vers plus de simplicité dans la future jauge.

Pistes de réflexions :

Groupe 1 :

La réflexion se porte principalement sur une jauge "lointaine" (certainement au-delà de 2027), qui définirait un bateau correspondant à l'esprit Mini. L'idée est de revenir à l'état d'esprit du Muscadet (simple, pas cher).
En attendant cette date +/-lointaine, comment travailler sur la jauge actuelle ?

L'un des enjeux est de permettre à tous les bateaux actuels de (re)venir dans le match (sportivement parlant) afin de limiter la suprématie des dernières générations de Mini (Maxi entre autres) et rendre la compétitivité égale pour tous. Cela ne peut passer que par la mise en avant du sens marin et la limitation des équipements.
Il faut être plus drastique sur toutes les mesures afin de pas pénaliser certains bateaux avec des mesures qui ont un impact plus marqué sur des séries plutôt que d'autres (exemple de la suppression de la 7ème voile qui a impacté plus fortement les anciens bateaux).

Parmi les propositions :

  • interdition de la girouette électronique. Le pilotage au compas permet de revenir sur un pied d'égalité.
  • nombre de voiles : limitation à une seule voile de portant ?
  • redéfinir les équipements en termes d'électronique et de voiles qui permettent de remettre dans le match les bateaux anciens ?

Le Mini de série n'est pas fait pour aller à 13 noeuds de vitesse pendant 24h, mais il est là pour engendrer du plaisir sur l'eau, pour travailler son sens marin, à plusieurs, et de profiter de la mer et de la nature plutôt que de chercher la performance à outrance.

Néanmoins, il faut faire attention aux décisions radicales qui pourraient nuire à l'attractivité de la Classe. Pour favoriser l'acceptabilité des mesures, il faut travailler sur la progressivité.

Groupe 2 : Quel axe principal choisir pour les bateaux du futur ?

L'un de ces axes peut être la durabilité des coques. Mais comment définir ce qui est durable ? Comment vérifier ? Les questions de suivi, de certification sont essentielles dans cette problématique.
La notion de transportabilité peut être étudiée pour rendre les opérations de retour cargo plus simples, moins chères ou moins impactantes pour l'environnement.
L'un des points soulevés pour le groupe est la prédominance de l'électronique dans la performance aujourd'hui. Gagner la transat signifie aujourd'hui gagner grâce à un pilote performant. Est-ce souhaitable ? Le pilote de devrait-il pas être simplement un élément de sécurité pour la navigation en solitaire et non un élément de performance ?
La simplification des bateaux et notamment de l'électronique embarqué semble la seule voie de sortie de la situation actuelle pour la Classe Mini. Cela suppose un vote à long terme.

Proposition : proposer au vote des règles applicables dans 2 ou 3 ans.

Questionnements :

  • Comment relancer une série qui soit dans l'air du temps et accessible ?
  • A quoi la Classe doit répondre ? Qui a l'expertise ?
  • Comment décider que le Mini doit ralentir et se simplifier ?

TOUR DE CLOTURE : AVEC QUOI JE REPARS

Quelques partages :

  • "je suis toujours épaté par la force de l'intelligence collective. On est sur le point de mener une révolution"
  • "le dernier atelier a permis de se mettre d'accord sur l'objectif de la future jauge. Avec l'atelier d'aujourd'hui on est rentré davantage dans le concret, dans le comment"
  • "dès qu'on se pose une question, une quantité d'autres émergent"
  • "attention à ne pas aller trop vite et à ne pas compromettre les projets des ministes actuels"
  • "La Classe Mini est l'héritière d'une révolution qui date de 1977, d'un gars qui a pris le contrepied de la course au gigantisme de l'époque. N'ayons pas peur de changer aujourd'hui"

PROCHAINES ETAPES

Cet atelier était le dernier de la saison 2024.
Le Conseil d'administration de la Classe doit maintenant rédiger une synthèse des travaux menés depuis le début de l'année et présenter cette synthèse lors de la prochaine Assemblée générale.

Par ailleurs, un questionnaire sur le thème de la "Mini Transat : format, attentes, futur de la course" sera envoyé dans les prochains jours aux adhérents/anciens adhérents pour recueillir l'avis du plus grand nombre sur l'avenir de la Mini Transat.