Réussir sa Mini Transat, les bonnes recettes

Newsletter de la Mini Transat Îles de Guadeloupe

• 35 concurrents déjà à quai à Pointe-à-Pitre
• Carl Chipotel, héros de la Guadeloupe
• Henri Marcelet démâte à 30 milles de l’arrivée

© Jacques Vapillon / Mini Transat Îles de Guadeloupe
© Jacques Vapillon / Mini Transat Îles de Guadeloupe


Ils déboulent tous les uns après les autres et c’est à chaque fois le même rituel : les copains qui attendent sur le ponton d’accueil de la marina Bas du Fort, les cris, les applaudissements, le bain obligatoire dans l’eau de la marina, aidé fortement par les prédécesseurs. Vient ensuite le temps de raconter sa course, d’échanger, de laisser échapper ses petits malheurs, ses doutes et ses plaisirs.

Réussir sa traversée de l’Atlantique.

Mis à part les vieux routiers, les durs au mal, les hydrofuges congénitaux dont on soupçonne qu’ils ont des écailles sur le dos, la plupart des coureurs ne sait pas forcément à quelle sauce la flotte va être mangée au départ des Canaries. Certains imaginent que leur traversée sera un véritable festin où les bonheurs du jour viendront à profusion comme des galettes de blé noir qu’on entasse à côté du billig encore chaud bouillant. Parfois ils n’en auront que des miettes : avaries à répétition, erreurs de stratégie reléguant les navigateurs dans le fond du classement seront difficilement compensés par quelques heures de surf par bon vent, belle mer. D’autres craignent que leur traversée ne ressemble à un brouet infâme où les rares morceaux de plaisir seront distribués parcimonieusement par une cantinière du hasard à l’aspect revêche. Là aussi, Eole aime parfois à redistribuer les cartes, en offrant des conditions de rêve, des glissades insolentes, des levers de soleil somptueux. Seule certitude : il est rare que les menus concoctés trop longtemps à l’avance résistent aux dates de péremption, quand une recette improvisée peut parfois offrir des bonheurs rares et pimentés.

A chacun sa vérité

Au fur et à mesure des arrivées, on découvre l’envers du décor, ce qui s’est passé dans l’arrière-cuisine. Certains ont dû en rabattre tel Patrick Girod (Nescens) aux prises, des jours durant, avec des problèmes de pilote qui lui ont gâché sa traversée. Après avoir passé plus de temps, les mains dans le cambouis ou bien à démonter patiemment les circuits électriques, il a dû se résoudre à barrer pour essayer de se maintenir à un rang honorable. Au final, Pat, comme le surnomment les copains, avait annoncé que ce serait sa dernière course sur le circuit Mini. Mais comme il est difficile de terminer sur une telle note, il y a fort à parier que l’on retrouvera le plus breton des Suisses au départ d’une des prochaines éditions. D’autres ont failli avoir leur transat gâchée par des condiments inappropriés tel Rodolphe Victorri (St Pierre et Miquelon) venu chercher un long voyage en solitude et dont les premières heures de course furent polluées par les bavardages incessants à la VHF de certains concurrents surement anxieux de faire le grand saut. D’autres craignaient la soupe à la grimace à juste titre : Sébastien Pébelier (Mademoiselle Iodée) n’était guère flambart avant le départ de Lanzarote. C’est lui qui hérita de la lourde tâche de venir porter assistance à Radek Kowalczyk en perdition au large des côtes d’Afrique. Quand on est rongé de doutes, ce n’est pas la meilleure des thérapies de rebrousser chemin pour aller au secours d’un camarade menaçant de couler. Malgré tout Sébastien a su reprendre sa course, repousser ses limites, trouver la force de traverser. Il a aussi découvert qu’un jeune homme de 25 ans pouvait encore fondre en larmes sous la pression et qu’il n’y avait pas de honte à ça. D’autres se sont offert quelques douceurs comme Henri Lemenicier (LPO Agir pour la Biodiversité) qui, le jour de son anniversaire, s’est fait comme cadeau, une journée sans spi, pour rompre avec le rythme imposé par la course. Henri Marcelet (Région Nord Pas-de-Calais), quant à lui, devrait se voir promettre un accueil triomphal après sa décision de poursuivre sa course sans assistance après son démâtage à quelque trente milles de la ligne d’arrivée. Enfin, il en est un pour qui l’arrivée en Guadeloupe fut la cerise sur le gâteau. Carl Chipotel (Gwadloop), de retour au pays a eu droit à un accueil digne de son rang. Entre la réception de son bateau devant le Mémorial Acte et la folie qui s’est emparée de la marina Bas du Fort, Carl avait le cœur qui battait la chamade entre la joie du retour au pays, le sentiment du devoir accompli et l’adhésion complète de la communauté des Ministes.


Retrouvez ICI les classements de la 2ème étape ainsi que le classement général provisoire