Mini Transat 2013 : Bazar, vous avez dit bazar ?

Foin des belles lignes droites ou des variations de cap au gré des oscillations de l’alizé. Les routes des concurrents affichent un penchant coupable pour le point en zigzag qui témoigne de l’instabilité des conditions rencontrées.

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Dans ces conditions, chacun essaie de tirer son épingle du jeu en fonction des opportunités. Même si les hommes de tête ont dépassé la mi-course (1850 milles à parcourir), la Guadeloupe est encore loin…

 

Temps à grains : les vitesses des concurrents varient parfois d’une heure à l’autre de 2 à 8 nœuds, au gré des bouffées de vent que les uns et les autres arrivent à attraper. A ce petit jeu, les routes peuvent paraître erratiques, mais c’est avant tout le vent qui commande. Seul avantage de ces vitesses d’escargot : il y a peu de risque pour les concurrents de se prendre un poisson volant en pleine figure.

Au fur et à mesure qu’ils avancent leur étrave en plein Atlantique, les solitaires entrent progressivement en symbiose avec leur bateau. C’est l’heure des routines essentielles, des vérifications quotidiennes, d’un rythme de vie qui s’éloigne de plus en plus des normes terriennes. Dormir par tranches, manger quand on en ressent le besoin, rester en éveil sur les conditions météo. La moindre rencontre devient un événement. A ce petit jeu, certains sont capables de rester de longues minutes à la VHF quand d’autres se contentent d’informations laconiques tant ils sont dans leur bulle.

Mais on reste en course malgré tout et la distribution de vent au petit bonheur la chance pèse sûrement sur les nerfs des coureurs. D’autant que l’absence de communication avec la terre autorise tous les échafaudages de scénarios : « je viens d’être bloqué par un grain sous lequel le vent est aux abonnés absents, qui me dit que mes adversaires immédiats n’ont pas dans le même temps bénéficié d’une brise salvatrice et ne se sont pas échappés ? » Il faut être solide mentalement pour faire sa route sans se poser plus de questions…

 

Au contrôle

Malgré tout, les positions n’évoluent guère en tête de flotte. Giancarlo Pedote (Prysmian) maintient un écart d’une vingtaine de milles avec Benoît Marie (benoitmarie.com) toujours solidement accroché à la deuxième place des prototypes. Quatrième et cinquième, Bruno Garcia (Sampaquita) et Bertrand Delesne (TeamWork) se sont progressivement alignés dans le sillage des deux leaders et pointent à 150 milles. Seul Rémi Fermin (Boréal), sur le bateau qu’il a dessiné et construit lui-même a réussi à créer un décalage dans le sud qui pourrait s’avérer payant dans les prochains jours. Pour l’heure, il ne possède qu’une centaine de milles de retard, un écart qui pouvait vite se combler, pour peu que le vent redistribue les cartes en activant l’alizé dans la partie sud de la zone de course.

En série, Aymeric Belloir (Tout le Monde Chante contre le Cancer) est dans une situation idéale. Ses concurrents directs Simon Koster (Go 4 it), Justine Mettraux (TeamWork) et Jean-Baptiste Lemaire (L’œuvre du Marin Breton) pointent à une centaine de milles sur une route identique. Derrière ce petit groupe, il faut encore attendre cent milles pour trouver un peloton plus compact emmené par Tanguy Le Turquais (Terréal Rêve d’Enfance) et Eric Cochet (Abers & Co). Parmi les concurrents repartis de Lanzarote, certains ont fait le choix d’opter pour une route le long des côtes africaines, de manière à descendre au plus vite vers des alizés plus soutenus. C’est le cas notamment de Jonas Gerkens (Netwerk 2), Pip Hare (The Potting Shed) ou Maxime Salle (Bongo). A Puerto Calero, ils sont encore deux à être à quai, Louis Mauffret (Solidaires) et Richard Hewson (RG 650). Ils pourraient être rejoints par Pilar Pasanau (Peter Punk) qui semble raser la côte de Lanzarote, voire Nolwen de Carlan (Reality) qui a fait demi-tour. La navigatrice a actionné son bouton de présence à bord. Ils sont encore trois bateaux entre Gibraltar et Lanzarote. Diane Reid (One Girl’s Ocean Challenge) et Aron Meder (Felicity 2) sont sous gréement de fortune et devront rallier un port. Ludovic Méchin (Paris Texas) a comme un devoir moral de faire traverser le bateau qui aurait dû être celui de Valerio Bruni-Tedeschi. Si sa course est entre parenthèse pour cette édition, l’aventure garde tout son sens.

PFB