[Mini Transat Îles de Guadeloupe] A J-100 du départ, étude d’un phénomène de la course au large

Communiqué de presse de Douarnenez Courses - 11/06/15

* Une course qui se court en solitaire et en solitude, sans contact avec la terre
* Les Mini, plus petits bateaux de course au large : un espace de vie de 2m2
* Un tremplin vers une carrière de skipper : paroles d’anciens

Infographie : comment se passe la communication sur la Mini Transat Îles de Guadeloupe
Infographie : comment se passe la communication sur la Mini Transat Îles de Guadeloupe


« Passe ta Mini, d’abord ». En vingt éditions, ils seront plus de 1200 solitaires à être passés par cette épreuve initiatique, qui pour beaucoup restera une expérience inoubliable. Certains ont continué leur route sur d’autres circuits Class40, Figaro, IMOCA ou multicoques de tous poils. D’autres sont retournés à leur vie d’avant. Mais tous le concèdent : la Mini les a transformés. Etude d’un phénomène.


Un parcours en solitude

A bord d’un Mini, les seuls liens que les coureurs ont avec l’extérieur sont la VHF, qui permet de communiquer avec d’autres bateaux dans un périmètre relativement restreint (environ 20km, une paille à l’échelle de l’océan) ainsi qu’un poste de radio BLU qui leur servira, une fois par jour, à récupérer le bulletin météo émis par la direction de course et le classement. Mais qui n’a jamais tenté de recevoir une émission de radio balloté dans un shaker humide, où les bruits parasites des poulies qui grincent et des vagues qui cognent la coque, couvrent aisément une voie crachotante, ne connaît pas les affres de la prise du bulletin en Mini.


Pour assurer la sécurité des 84 marins, sept bateaux accompagnateurs sont répartis dans la flotte. C’est par leur intermédiaire que la terre obtient des nouvelles des concurrents. Et en plus, ce dispositif bénéficie pour la première étape d’un soutien de poids avec la présence du PSP Cormoran de la Marine Nationale.


Mais pour les marins, la Mini Transat Îles de Guadeloupe, c’est la quasi certitude de se retrouver coupé du monde pendant parfois trois, voire quatre ou cinq jours, dès lors que la flotte commence à s’éparpiller sur l‘Atlantique. Tous le disent : c’est un véritable cap psychologique qu’il faut franchir pour gagner ses galons. Beaucoup l’avouent : ils ont été plus d’un à « péter un plomb » avant de reprendre leurs esprits…


Voguez petits bolides

Petits bateaux, petits problèmes… Sur un Mini, il y a peu de problèmes techniques que l’on ne saurait résoudre, mais la taille de l’embarcation entraîne malgré tout un inconfort permanent, une plus grande vulnérabilité face au mauvais temps. Il suffit de voir les coureurs à l’arrivée d’une traversée transatlantique pour comprendre ce que peuvent endurer les solitaires. Pas de couchette confortable mais un duvet roulé en boule dans un coin de la cabine, pas de repas amoureusement mitonné, mais une nourriture roborative avalée sur le pouce le plus souvent, pas de véritable repos dans une humidité permanente.


Mais parfois, les conditions se conjuguent pour passer sans transition du purgatoire au paradis. Que le soleil vient à briller, le vent à souffler de l’arrière et les vagues s’ordonner, la coque de noix se transforme en luge et dévale les pentes dans des surfs vertigineux. C’est pour ces moments-là que nombre de coureurs récidivent et reviennent deux ans plus tard, tenter l’aventure de la Mini Transat Îles de Guadeloupe.


Une porte d’entrée

On ne saurait compter les grands noms de la course au large qui sont passés par la case Mini. Dès les premières éditions, on trouve des figures de la haute compétition comme Jean-Luc Van Den Heede ou bien Bruno Peyron. On citera pêle-mêle quelques habitués du Vendée Globe comme Roland Jourdain, Yves Parlier ou Bernard Stamm pour qui la Mini Transat fut une sorte de parcours initiatique. D’autres sont venus y chercher une aventure différente tels Michel Desjoyeaux ou Sébastien Josse. Plusieurs femmes ont trouvé dans la pratique du Mini, un espace à leur mesure qui marquera le début d’une belle carrière comme Isabelle Autissier, Sam Davies, Ellen Mac Arthur ou Isabelle Joschke… Alors qui sait ? Peut-être que parmi les candidats à l’aventure de cette Mini Transat Îles de Guadeloupe 2015, se cache un des futurs grands noms de la course au large…


Ils ont dit :


Bernard Stamm, vainqueur de la Barcelona World Race 2012 (Mini Transat 1995, 3e) 

“La Mini Transat, c’est mon premier chantier de bateau. Pierre Rolland, qui était encore inconnu comme architecte avait fait les plans de mon Mini… Ensuite il a fallu le construire. On a fait çà dans un hangar à Lesconil. Il faut croire que le processus me plaisait puisque j’ai recommencé la même chose avec mon premier IMOCA.”


Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum 2006 et 2010 (Mini Transat 1983, abandon)

“Cette Mini Transat a été un condensé de tout ce qu’on doit connaître dans une carrière de marin. Se prendre de passion pour une course, trouver un bateau, chercher un sponsor, prendre le départ, couler au large du cap Finisterre avant d’être recueilli par un cargo… L’histoire a failli mal se terminer, car les carabiniers espagnols me prenaient pour un trafiquant de drogue et voulaient me garder en prison…”


Charlie Dalin, Champion de France de Course au Large 2012, (Mini Transat 2009, 2e bateau de série)

“C’est en faisant la Mini Transat que j’ai compris que ma vocation était bien de devenir skipper professionnel. Une fois qu’on a goûté ces sensations, c’est impossible de revenir en arrière.”


Alex Pella, vainqueur de la Route du Rhum 2014 en Class40 (Mini Transat 2003, 2005 et 2007)

" La Mini Transat est sans aucun doute la course off-shore la plus authentique. Je recommande fortement cette expérience à chaque marin, c’est quelque chose que vous devez faire au moins une fois dans votre vie. Le manque de communication est ce qui rend cette course authentique, vous êtes seul là-bas, vous ne pouvez pas partager vos expériences avec tout le monde et c’est vraiment intense. Il faut être fort, rester concentré et préparé. "


Rappel des dates et chiffres clés

  • 84 concurrents en solitaire
  • Longueur d’un Mini : 6,50m
  • 20e édition – épreuve créée en 1977
  • 4 020 milles nautiques – 7 445 km (soit la distance entre Paris et Katmandou)
  • Départ le 19 septembre 2015 de Douarnenez (Etape 1 : Douarnenez – Lanzarote)
  • ETA à Lanzarote à partir du 25 septembre 2015
  • Départ le 31 octobre 2015 de Lanzarote (Etape 2 : Lanzarote – Pointe-à-Pitre, Guadeloupe)
  • ETA en Guadeloupe à partir du 14 novembre 2015


Note aux rédacteurs

La Mini Transat - Îles de Guadeloupe 2015 : Pour sa 20e édition et pour la deuxième fois consécutive, la Mini Transat revient à ses origines avec un départ de Douarnenez. Le port cornouaillais verra s’élancer la flotte des 84 solitaires le 19 septembre vers Lanzarote où les Mini 650 feront escale avant de partir le 31 octobre à l’assaut de l’Atlantique. Après un peu moins de trois semaines de mer, les navigateurs couperont la ligne d’arrivée de la Mini Transat - Îles de Guadeloupe 2015 à Pointe-à-Pitre où la douceur des Caraïbes les attendra. Sur le plus petit bateau de course au large au monde, le talent de chacun des skippers saura s’exprimer sur les 2 700 milles nautiques (4 345 kilomètres) qui les séparent des Antilles. En solitaire, chaque participant devra trouver les ressources morales pour vivre cette aventure unique : une traversée de l’Atlantique dans un espace réduit et un inconfort total où seul compte le face à face avec soi-même.


Vidéo : Benoit Marie, vainqueur en proto en 2013, tente d’écouter le bulletin météo à la BLU ...