[SAS] Comment gérer l'attente...

Un report de départ de course est toujours un moment particulier à vivre. Les coureurs sont partagés entre soulagement d'échapper au pire et regret de devoir ronger son frein, du côté des organisateurs, outre les problèmes de logistique inhérents à ce type de décision, il faut trouver l'équilibre entre une suractivité injustifiée et la tentation de baisser la garde...


Ils s'étaient faits à l'idée que la pause açorienne était terminée. Dès hier, les navigateurs étaient entrés progressivement dans la bulle du solitaire qui s'apprête à changer de peau à troquer leur costume provisoire de terrien pour un monde où les nuits sont entrecoupées par tranches de quelques dizaines de minutes, où c'est la mer qui commande, où un simple plat réchauffé devient un festin. Ils le font pour les heures de glisse incessantes que procurent une navigation dans la brise au portant, pour le plein d'adrénaline qu'on encaisse quand le bateau déboule sous spi dans un surf interminable, pour tant d'autres choses indicibles qui créent les liens de cette petite communauté des solitaires du large.


Et voilà que d'un coup, le ressort s'enraye, que la belle mécanique qui devait les amener sur la ligne de départ se grippe. Vingt-huit heures, ce n'est rien. C'est pourtant une démarche qu'il faut reconstruire entièrement : reprendre contact avec le routeur, étudier de nouveau les fichiers de vent pour tirer des plans sur la comète, rechercher la meilleure solution pour passer une nuit supplémentaire sur Faial, tuer l'attente.


Alors les uns et les autres usent d'expédients : on se retrouve en petits groupes autour d'un verre, on visionne une vidéo sur l'ordinateur, on bouquine, on essaye de se détacher des consultations compulsionnelles des fichiers météo à venir. Bref ! On tue le temps. Dans leur tête, ils sont déjà partis, leur séjour sur Horta n'est plus qu'un sursis.


PFB

Photo de classe SAS 2014  (c) Christophe Breschi
Photo de classe SAS 2014 (c) Christophe Breschi


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